Réactions au sommet du G5 Sahel de N’Djamena
17 février 2021
Réaction de membres de la Coalition citoyenne pour le Sahel au sommet du G5 Sahel de N’Djamena (Tchad) qui a réuni, les 15 et 16 février 2021, les dirigeants sahéliens, français, de l’Union africaine et de l’Union européenne, ainsi que d’autres partenaires internationaux des pays sahéliens.
La Coalition citoyenne pour le Sahel note certaines avancées qui pourraient aller dans le sens d’un changement d’approche qu’elle réclame, afin de mettre la priorité sur les besoins des populations. Le communiqué final du sommet fait référence à la protections des civils, à la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de la crise notamment la gouvernance, à l’urgence humanitaire et à la lutte contre l’impunité, qui sont les quatre priorités identifiées par la Coalition citoyenne pour une réponse plus efficace à la crise sécuritaire dans la région (les Piliers citoyens) – voir notamment les points 9, 15, 17, 19, 24, 26, 27, 32 du communiqué.
Niagalé Bagayoko, Présidente de l'African Security Sector Network (ASSN), membre de la “Coalition citoyenne pour le Sahel”
« Le sommet de N’Djamena a réaffirmé la priorité donnée à la lutte anti-terroriste au Sahel. Mais au-delà de la dimension militaire, les chefs d’État de la région et leurs partenaires ont aussi abordé des questions essentielles jusque-là largement ignorées, comme la protection des civils, la gouvernance, le respect des droits de l’Homme et la lutte contre l’impunité pour les exactions commises par les forces de défense et de sécurité qui, il faut le répéter, ont tué plus de civils l’année dernière que les attaques djihadistes.
Face aux détournements massifs des budgets de la défense révélés ces derniers mois au Niger, au Mali et au Burkina Faso, ils ont aussi, pour la première fois, pris des engagements pour plus de transparence financière dans le secteur de la sécurité.
C’est un signe très positif d’un changement d’approche afin de mieux prendre en compte les besoins des populations pour résoudre la crise au Sahel. La société civile sera vigilante pour s’assurer que ces engagements nouveaux ne soient pas que des mots sur une feuille de papier. »
Alioune Tine, Fondateur d'Afrikajom Center, membre de la “Coalition citoyenne pour le Sahel” :
« Le sommet de Pau il y a un an avait été celui du « sursaut militaire ». Au sommet de N’Djamena, le président Macron a parlé de « décapiter » les groupes terroristes. Mais il a aussi parlé de la nécessité d’un « sursaut civil ». Et effectivement, le sommet a débouché sur des engagements nouveaux pour la protection des civils, le respect des droits humains et du droit international humanitaire.
Je suis très encouragé par la volonté affichée par les chefs d’État de lutter contre l’impunité face aux exactions des forces de défense et de sécurité. Ils ont évoqué les premiers procès à venir des soldats maliens accusés de crimes. Il faut maintenant fixer une date pour ces procès, et aussi obtenir l’ouverture d’enquêtes au Niger et au Burkina Faso.
L’année dernière, plus de civils ont été tués au Sahel par des hommes en uniforme que par des terroristes. C’est une situation désolante qui sape la confiance des populations dans les autorités qui sont censées les protéger, et qui entretient un cycle de violences en facilitant le recrutement par les groupes extrémistes.
Si on commence à s’attaquer sérieusement à cette question, alors on s’approche d’une solution à la crise du Sahel, qui ne peut pas être résoudre uniquement par les armes. La Coalition citoyenne pour le Sahel, dont je fais partie, attend maintenant des éléments concrets de mise en œuvre de cet engagement de N’Djamena. »